LA JOURNÉE DU PRISONNIER PALESTINIEN par Ziad MEDOUKH
LIBERTÉ POUR TOUS LES PRISONNIERS PALESTINIENS
Dans un contexte très particulier marqué par la poursuite des attaques sanglantes de l'occupation israélienne contre le peuple palestinien dans l'ensemble des territoires palestiniens, des attaques qui ont fait une centaine de morts dont des enfants et des femmes — depuis le début de l'année 2023, et la multiplication des violations systématiques du droit du peuple palestinien par les soldats et les colons israéliens, les Palestiniens partout dans le monde commémorent la Journée internationale du prisonnier palestinien.
Une commémoration très forte avec des manifestations et rassemblements dans les villes palestiniennes, devant les sièges des organisations internationales dans les Territoires palestiniens et des actions de solidarité avec les prisonniers palestiniens dans de nombreux pays.
Pour cette année 2023, et à l’occasion de la Journée du Prisonnier Palestinien, célébrée le 17 avril de chaque année, le peuple palestinien, et avec lui, les solidaires de bonne volonté, rendent un grand hommage à tous les prisonniers palestiniens en souffrance permanente derrière les barreaux israéliens.
Tous les Palestiniens où qu'ils soient, pensent à ces détenus qui continuent à vivre une situation alarmante et préoccupante, avec la torture, la violence physique et psychologique, les lois racistes, la négligence médicale et les conditions carcérales inhumaines dans les prisons israéliennes.
Dans ces prisons, leur situation se dégrade jour après jour, et les autorités israéliennes aggravent encore leurs souffrances par des mesures illégales et des provocations permanentes. Une mort lente attend les 4 850 prisonniers qui vivent la surpopulation carcérale.
Surtout que parmi ces prisonniers, des personnes fragiles comme les enfants, les femmes, les personnes âgées, les malades et les blessés. Sans oublier le surpeuplement, l'insalubrité, la mauvaise nutrition, et l'isolement individuel, comme le cas du prisonnier Ahmed Manasra, dont l'occupant continue de le détenir et de l'isoler malgré un état de santé et psychologique grave. Nous mentionnons également ici les plus anciens détenus isolés dans les prisons d'occupation, le prisonnier Muhammad Khalil, qui fait face à l'isolement cellulaire depuis plus de 15 ans !
Jour après jour, les prisonniers palestiniens s'exposent à une négligence médicale délibérée, ils reçoivent leur traitement médical avec beaucoup de retard, beaucoup de détenus très malades et très âgés sont sur la voie de mourir dans des prisons surpeuplées.
Il faut rappeler ici qu'en 2022, quatre prisonniers palestiniens sont morts en captivité, dont trois à la suite d'une négligence médicale délibérée.
Voilà comment cet état d'apartheid traite les malades palestiniens dans des geôles insupportables. Une mort lente et cruelle. Le gouvernement israélien d'extrême droite a voté début 2023 des lois contre les prisonniers palestiniens : parmi elles figure la promulgation de lois et de législations racistes affectant le sort des prisonniers et de leurs familles, dont la plus importante était le projet de loi sur l'exécution des prisonniers qui ont mené des opérations de résistance contre l'occupation, en plus de la loi sur la révocation de la citoyenneté et de la résidence des prisonniers originaires de Jérusalem et des Territoires occupés en 1948.
D'autant plus, que, et comme une punition collective,— pour mettre la pression sur ces prisonniers et sur leurs familles, l'administration pénitentiaire israélienne annule souvent les visites des familles et des avocats, ainsi que les appels vidéos.
Même le Comité international de la Croix-Rouge-CICR, unique structure autorisée à communiquer directement avec les prisonniers palestiniens et à leur rendre visite, trouve des difficultés pour faire entrer les produits alimentaires et les produits d'hygiène et d'assainissement dans la cantine des prisons.
Un autre aspect dramatique : les forces de l'occupation israélienne continuent à arrêter des Palestiniens en Cisjordanie occupée et à Jérusalem. Parmi eux des enfants. Et cela malgré l'appel de l'ONG "Défense for Children International" afin que les autorités israéliennes prennent des mesures immédiates pour libérer tous les enfants palestiniens détenus dans les prisons et les centres de détention israéliens, et de préserver leur vie en accord avec le droit international.
Toutes ces arrestations arbitraires augmentent le nombre de prisonniers palestiniens dans les geôles israéliennes. Plusieurs milliers se retrouvent dans de petites cellules, sans accès à des sanitaires dignes et privés.
Oui, presque cinq mille palestiniens toujours détenus dans les différentes prisons israéliennes. Selon les derniers chiffres du Club du prisonnier palestinien — Al-Asir Club — début avril 2023, il y aurait actuellement 4 850 détenus, et, parmi eux, 31 femmes, 160 enfants de moins de 18 ans, 4 députés, 32 journalistes, 627 prisonniers malades dont 42 très gravement, 141 prisonniers âgés de plus de 60 ans, 554 prisonniers qui sont condamnés à perpétuité une ou plusieurs fois, comme le détenu Abdallah Barghouti, condamné à 67 reprises (!), plus de 400 prisonniers qui sont en prison depuis plus de 20 ans, et 23 détenus sont arrêtés avant les accords d'Oslo en 1994. Parmi eux, deux sont en prison depuis 30 ans, dont le plus ancien prisonnier palestinien, Mohamed Touss, en prison depuis 38 ans, considéré comme le doyen des prisonniers palestiniens actuellement.
Et les Autorités israéliennes détiennent toujours les corps de 12 prisonniers palestiniens morts dans les prisons israéliennes entre 2018 et 2023, refusant de les rendre à leurs familles.
Depuis le début de cette année et jusqu'à la deuxième semaine d'avril 2023, l'occupant a arrêté plus de 2 320 palestiniens en Cisjordanie. Dont 340 enfants et 39 femmes.
En 2022, il y a eu 8 600 arrestations, dont près de 1 300 mineurs. 1 600 ordres de détention administrative ont été prononcés. Les arrestations visent plus particulièrement les militants, les défenseurs des droits humains, les étudiants, et les journalistes.
Trente femmes courageuses et déterminées sont toujours prisonnières, parmi elles, 15 mères de familles, 5 en détention administrative illégale, 9 blessées et 3 journalistes.
Le Club du Prisonnier Palestinien a confirmé que l'occupation a arrêté plus de 9 500 enfants palestiniens entre 2015 et fin mars 2023.
Mais l'espoir reste intact pour libérer tous nos prisonniers, nos héros et nos résistants.
Par milliers, les Palestiniens, résistants, activistes, députés, hommes politiques, militants, engagés, combattants ou simples civils, hommes, femmes ou enfants croupissent dans les prisons israéliennes, en toute illégalité au regard du droit international.
Nos prisonniers avec leur résistance remarquable continuent de donner une leçon de courage et de détermination, pas seulement aux forces de l’occupation israélienne, mais au monde entier. Ils sont un exemple de patience et de persévérance, de volonté et d’attachement à la justice.
Ils sont nos héros, ils sont notre dignité, ils sont notre espoir ! Ils sont libres malgré l'isolement. Eux, les militants d'un idéal. Ils sont les prisonniers de la liberté !
Malgré la cruauté de l'occupant, le silence complice de cette communauté internationale officielle, l'absence de pression de la part des organisations des droits humains, et le silence des médias qui occultent leur souffrance, le combat de nos prisonniers continuera jusqu’à la liberté, et pour la justice.
Nos prisonniers défient l’occupation ! Ils résistent, existent et persistent !Ils se révoltent et organisent des grèves de la faim, et des actions de protestation.
La grève de la faim est bien souvent leur seul recours. Ainsi, Adna Khader poursuit sa grève de la faim depuis 72 jours.
L’arrestation, la détention et le jugement de nos 4 850 prisonniers retenus jusqu'à présent dans 20 prisons israéliennes sont illégitimes, car ils sont les prisonniers de la liberté, ce sont les prisonniers de la dignité.
Parmi ces prisonniers, 700 souffrent de maladies graves, leur vie est en danger, à cause de la négligence médicale des autorités israéliennes qui veulent faire pression sur eux pour qu'ils cessent leur combat. Selon le Comité des prisonniers palestiniens, 46 détenus souffrent d'une maladie grave comme le cancer, la paralysie, l'immunité très faible, des difficultés respiratoires, un accident vasculaire et cérébral, une infection du sang, de l'hypertension, du diabète, de troubles des fonctions cardiaques, d'épilepsie, de leucémie, d'une tumeur cérébrale, de maladies nerveuses, et d'autres maladies chroniques graves, à l'image du prisonnier Walid Daka, gravement malade, détenu depuis 37 ans !
Car parmi ces prisonniers, des dizaines sont enfermés dans les prisons israéliennes depuis des décennies. Leur seul crime a été d’avoir résisté face à l’occupation illégale. Car parmi ces prisonniers, plus de 849 personnes sont sous détention administrative illégale sans jugement ni procès, parmi elles deux femmes et 6 enfants.
En 2023, nos prisonniers vont poursuivre leur mobilisation et leur lutte comme chaque, année afin de faire entendre leur voix, pour améliorer les conditions de leur détention et de mettre la pression sur les Autorités israéliennes. Une action soutenue par toute une population qui considère la cause des prisonniers comme la première cause.
Le combat de nos prisonniers pour la liberté est suivi en Cisjordanie, dans la Bande de Gaza, dans les Territoires de 1948, et aussi en exil par des milliers de Palestiniens qui organisent partout des actions de soutien à ces prisonniers dans leur résistance quotidienne.
Malgré quelques initiatives courageuses et appréciées prises dans certains pays par des militants de bonne volonté et des associations de la société civile, en solidarité avec les prisonniers palestiniens, via des campagnes, des appels, des pétitions, et des actions, on peut observer le profond silence des médias, des intellectuels, des partis politiques, des organisations des droits humains, et celui des gouvernements d'un monde qui se dit libre et démocrate, mais qui n’arrive pas à bouger et à réagir devant une telle injustice.
Malgré la cruauté de l’occupant et le silence du ”monde libre”, le combat de nos prisonniers continuera jusqu’à la liberté, et pour la justice.
Vive le combat légitime de nos prisonniers pour la liberté et pour la vie. Vive la solidarité internationale avec nos prisonniers palestiniens, et avec notre cause de justice.
En attendant, derrière ces prisonniers et ces héros, tout notre peuple poursuivra le combat, jusqu’à la conquête de ses droits légitimes et la sortie du dernier détenu des prisons et des cachots israéliens.