Naji Al-Ali
Caricaturiste palestinien, créateur du personnage de Handala (1936-1987).
NAJI al-Ali est né en 1936 au village de Al-Shajara, situé entre les villes de Nazareth et Tibériade, en Galilée, Palestine. En 1948, l’année de la Nakba, sa famille, contrainte de migrer, comme la majorité du peuple palestinien, finit par se fixer au camp de réfugiés de Aïn al-Hilwe (l’œil de la belle en arabe), au Liban-Sud.
Il intègre un institut professionnel dans la ville libanaise de Tripoli. Il y obtient son diplôme en 1953 et exerce plusieurs métiers. Durant cette période, il commence à s’exprimer en dessinant sur les sols et les murs du camp de réfugiés de Aïn al-Hilwe. Il improvisait aussi des pièces de théâtre et les présentait avec ses amis dans des cafés du camp. Ces pièces de théâtre étaient critiques, sarcastiques, sincères, et traitaient de la situation politique et sociale de la Palestine et des réfugiés. C’est à cause de cela et de sa participation aux manifestations qui avaient lieu au camp que Naji, quelques-uns de ses camarades du Mouvement des nationalistes arabes et d’autres se faisaient régulièrement arrêter par les autorités libanaises.
En 1957, il part pour Djeddah, en Arabie Saoudite, et y travaille en tant que tourneur jusqu’en 1959. Après son retour, il décide de s’orienter vers une activité qui lui permette d’assouvir ses inclinations et ses capacités artistiques. Il rejoint donc l’Académie libanaise d’art en 1960, mais il ne poursuit pas ses études à cause des harcèlements et des arrestations répétées de la part des autorités libanaises. Cette expérience, bien que courte, l’aide à intégrer en 1961 l’école Jaafarite de Tyr, où il enseigne l’art pendant deux ans. Cette année-là, après sa visite au camp de Aïn al-Hilwe, l’écrivain Ghassan Kanafani (assassiné en 1972) publie quatre des dessins de Naji dans la revue Al-Hourriya (La Liberté).
Avec les collègues de l’Association des caricaturistes arabes à Damas, 1979.En 1963, il se rend au Koweït, où il travaille dans la revue d’opposition Al-Talya (L’Avant-Garde), puis au journal Al-Siyassa (La Politique), où naît le personnage de Handala en 1969. Après quoi, il revient au Liban en 1974 pour travailler au journal As-Safir (L’Ambassadeur) dès sa création. Il est témoin de la guerre civile libanaise et de ’invasion israélienne en 1982. En 1979, il obtient le premier prix de l’Association des caricaturistes arabes pour son dessin (voir page 40) et en est élu secrétaire général. Il obtient également le premier prix ex æquo en 1980.
En 1983, il revient au Koweït, où il travaille jusqu’en 1985 au journal Al-Qabas, d’où il est expulsé sous la pression de Yasser Arafat. Il choisit d’aller à Londres, où il travaille pour Al-Qabas International, après s’être rendu compte qu’aucun pays arabe ne l’accueillerait ou lui offrirait un espace pour dessiner librement. Le 22 juillet 1987, il est la cible de tirs lorsqu’il se rend dans les locaux du journal, au centre de Londres, et il décède cinq semaines plus tard, le 29 août 1987. Il fut inhumé sur place. Jusqu’à ce jour, on n’a pas identifié l’assassin ou l’organisation qui se cache derrière lui.
En 1988, l’Union Internationale des éditeurs de journaux (FIEJ) lui a décerné le prix du Crayon d’or de la liberté. Ce fut la première fois que l’Union décerna ce prix à un Arabe ou à un caricaturiste, et la deuxième fois qu’elle le décerna à un journaliste après sa mort.